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ne soyez pas surpris par l'animal qui est en vous !

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Des psychoportraits symboliques à l’écoféminisme

J’ai été invitée à donner une conférence lors  de l’édition 2022 du Forum de Lyon,  un évènement proposé par Santé VET, sur le thématique du « Double je ».

Le Lyon Forum prend place à l’Opéra de Lyon et propose chaque année un week-end d’échanges et de rencontres autour de thématiques liées au développement personnel. Proposé aux vétérinaires de France il est aussi ouvert à tous, sur inscription préalable. Au programme une dizaine de conférences sur des sujets de société, des temps musicaux, spectacles ainsi que des visites guidées pour découvrir les mystères et curiosités de la ville de Lyon. Il est organisé de main de maître par Mark Cusack , fondateur de l’agence OUESK

 

Le contenu de la conférence :

Double Je  &  doubles jeux, les liens entre l’être humain et la nature sont-ils faits de faux semblants et de domination ?  Ou bien existe-il une autre voie pour dialoguer en toute authenticité avec soi et avec la nature ?  Comment atteindre ce double Je ? Entre soi et le Soi ?

Introduction :

Pour vous parler du double « je » j’aimerais vous faire parcourir un chemin : celui qui va des psychoportrait symboliques à l’écoféminisme.

Lors de ce parcours, j’aimerais vous convier à entrevoir :

  1. 1.le lien entre le « je » et les jeux, entre le « soi » et la nature et la manière dont ce dialogue nous repositionne au sein de notre biosphère.
  2. Nous verrons ensuite, le lien entre la littérature ancienne, les contes populaires, le mythe du héros, ferments de l’inconscient collectif
  3. Les émotions, la Nature  qui nous conduisent à aborder  l’écopsychologie et l’inconscient écologique
  4. Enfin nous ferons le lien avec l’écoféminisme et le besoin de protéger la Nature ou comment passer du double je au « nous

 

 

1)Double je ou doubles Jeux ? Parler de soi et de sa relation à l’Autre

Montaigne, Montesquieu et la pensée psychanalytique dont Freud au 1er chef ont parlé de l’attirance et du rejet que nous éprouvons pour l’étranger. Comment parler de soi à l’autre, voir l‘Autre et savoir qu’il est un peu de nous, que nous sommes un peu de lui… L’autre n’est pas tout à fait un étranger

En effet, cet étranger que je me prends à haïr, cet Autre que j’agresse, c’est en moi d’abord – en chacun de nous – qu’il est présent. Dès la petite enfance, cette étrangeté en moi, l’agressivité inconsciente qui m’habite, voilà la source de la haine que je vais chercher à projeter au dehors, sur l’Autre – et dont je ne veux rien savoir.

Il nous faut pourtant le trouver, l’embrasser dans toutes ses dimensions et l’entendre. Ecouter ce qu’il a à nous dire.

Retrouver l’unité dans ce double je :  celui de dehors, celui de dedans

C’est ainsi que je me suis penchée sur une manière de s’écouter pour mieux s’entendre. Il y a de cela 30 ans déjà.

Se parler : s’entendre réellement et s’écouter ?

Il y a la voie de l’analyse qui permet de trouver les mots, ceux pour dire les autres maux qui nous rongent et puis il y a aussi la voie ludique. C’est celle que j’ai choisi d’emprunter.

Fille des contes et des fables et descendantes des Beti (une ethnie du Cameroun par ma mère), afro-descendante, nous faisons partie des guérisseurs.

Il y a d’ailleurs un mythe familial, ancestral sur la naissance du clan Bene, le clan qui a vu naître mes ancêtres. Ils seraient venus du Soudan voisin à dos de serpent, sur un magnifique python blanc.  Ceux qui ont survécu au voyage, protégés par le python sont devenus des guérisseurs. Les soignants et sorciers dont la mission est de rétablir les équilibres entre les forces naturelles contraires.  De cet héritage qui me semblait abscons, je n’ai pas su quoi faire moi qui était bègue, née dans les montagnes savoyardes et picarde dans mon enfance.  Et puis par la magie de l’analyse et de la parole, j’ai compris que je pouvais utiliser cette sagesse et cela m’a permis de concevoir les psychoportraits Symboliques.

Le Psychoportrait Symbolique fait intervenir le Je/jeu, jouer avec soi pour se déphaser, sortir du cadre, pour mieux se recentrer sur soi et les composantes de notre psyché.

Qu’est-ce que le psychoportrait symbolique :

C’est un questionnaire ludique d’une dizaine de minutes autour d’une problématique que l’on cherche à mettre à jour et à résoudre.

Il emprunte un véhicule, vous connaissez : c’est celui du portrait chinois.

Il questionne votre inconscient avec les ingrédients qui vont lui permettre de se montrer et de se dire.
Et si vous étiez : un animal, un végétal, une couleur, une saveur, un minéral, un paysage, un élément ?

  • Le double je, c’est le jeu de l’analogie : et si j’étais… si je devenais…. Être soi et un/une autre en soi qui nous regarde (et la situation que nous vivons) avec bienveillance, compassion, douceur…
  • Le psychoportrait nous permet d’envisager une situation dans toute sa complexité et sa globalité tout simplement et en toute spontanéité.

Quel est le lien entre le psychoportrait symbolique et la Nature ?

Il convoque la nature en nous pour nous aider à résoudre ce qui nous fait mal ou qui nous bloque.

Les éléments : l’animal, le paysage, le végétal, le minéral, l’élément (l’un des 4 éléments de la vie) utilisés pour qualifier notre problématique, nous renvoient par le jeu à des millénaires en arrière.

Depuis l’aube de notre temps d’homo Sapiens Sapiens, nous avons convoqué les éléments, sur les parois des grottes pour » nous dire « au monde. Et tenter d’expliquer ces forces en nous et à l’extérieur qui nous dépassaient. Et nous nous sommes projetés, avons fait des initiations, des transes pour comprendre les forces en nous et les chemins vers cette nature que nous voulions apprivoiser ou conquérir. Mais surtout nous vivions avec Elle, au fond de nous, indissolublement liés.

  • Le végétal et notamment l’arbre, c’est élément qui se dresse entre la terre et le ciel  et c’est le symbole des cycles de la vie et de la manière dont on veut s’ancrer dans celle ci
  • Le minéral, c’est celui qui nous parle aussi d’éternité et de temporalité : silice ou granit, tout est signifiant dans notre rapport au temps, nous qui sommes mortels mais il donne des indications sur la manière dont nous le faisons.
  • L’animal, c’est cet autre en nous qui nous envoie à notre cerveau reptilien mais aussi cet autre être vivant, notre double/totem que nous avons tantôt domestiqué ou asservi, tantôt chassé, souvent craint mais qui ne nous laisse jamais indifférent et qui parfois nous guide même à notre insu.
  • Le paysage : tantôt ile, montage ou plaine, la saison et la situation de l’ile nous indique où nous nous situons dans notre environnement et à quel moment de notre vie
  • L’élément : notre essence même : l’eau, le feu, la terre ou l’air…. Ce qui nous anime et la manière dont nous le faisons.
  • Devenir brièvement un animal pour apprécier une situation, c’est faire instantanément une singulière transe chamanique de quelques secondes.

Un questionnaire bref mais puissant et profond

Tout ceci en 7/10 minutes et avec le plus de spontanéité possible. Et la magie opère ! La magie ? Non ! C’est l’inconscient le nôtre et l’inconscient collectif qui nous relie à la Terre /Nature qui vont se mettre à dialoguer. Là ou ne faisons qu’un.

J’ai réalisé plus de 3800 psychoportraits auprès de cadres, d’employés de techniciens, d’élèves, de comités directeurs et tous ont découvert que leur inconscient aimait jouer avec eux et se dévoiler pour leur permettre de mieux s’entendre. Je l’ai évidemment proposé à des psychiatres et des psychologues et des soignants.
Ce sont d’ailleurs ces derniers qui m’ont aidée à faire progresser cet outil que j’utilise à présent pour accompagner mes séances de coaching de vie.

J’ai ajouté le conte de vie au bout de 5 ans et plus de 1000 psychoportraits réalisés car coach, on me demandait une boite à outils. En effet, le conte fait appel à l’inconscient collectif. J’en sélectionne 3 qui me paraissaient contenir la problématique de la personne et je lui propose de choisir.  A la manière d’un oracle, ce conte choisi parmi trois, devient celui qui contient un certain nombre de réponses qui permettent à la personne de travailler sur ses difficultés.

Définition de l’inconscient collectif selon Jung

L’inconscient collectif est un concept de la psychologie analytique s’attachant à désigner les fonctionnements humains liés à l’imaginaire, communs ou partagés, quels que soient les époques et les lieux, et qui influencent et conditionnent les représentations individuelles et collectives. Autrement dit, c’est un commun partagé entre tous, quelque soient les lieux et les époques.

Les contes permettent à l’être humain de comprendre les forces de la Nature qui sont à l’œuvre. Ils contiennent des archétypes compréhensibles par toutes et toutes : la mère, le père, les Dieux, les Déesses, les fées…

Jung, mais particulièrement ses élèves telles Marie-Louise Von Franz héritière et continuatrice de son œuvre, nous a ouvert les portes du langage symbolique. Celui qui est déjà à l’œuvre dans les psychoportraits…

Dans ce travail sur l’écoute de soi, je serais incomplète, si je ne parlais pas du mythe du héros et de Joseph Campbell son auteur.  (cf le héros aux milles un visages aux éditions bien être – j’ai lu)

Derrière le terme de monomythe, il y a pour Campbell l’idée qu’il existe une « histoire archétypale qui jaillit de l’inconscient collectif ».  Et cette quête à la recherche de soi est aussi un voyage initiatique intérieur.

2) L’inconscient collectif à l’écopsychologie

Mon travail de thérapeute m’a donc amenée à me poser la question de notre lien à la Nature et à l’inconscient collectif

Contes, histoires de bonnes femmes et Nature : nous serions, nous femmes dépositaires de la Nature. Vous en avez un grand aperçu dans : « les Femmes qui courent avec les loups ! »  de Clarissa Pinkola Estes :

En 1981, elle obtient un doctorat en ethnologie et psychologie clinique. Conteuse et psychanalyste, elle dirige l’Institut C.G. Jung de Denver en 1992. Aux États-Unis, on la connait pour son travail clinique auprès des familles de survivants de la fusillade du lycée Columbine en avril 1999, où deux adolescents perpétrèrent un massacre avec des armes à feu à l’intérieur du lycée de Columbine (Colorado). Elle a aussi travaillé avec des familles de survivants de l’attentat du 11 septembre 2001. C’est donc une spécialiste du choc, du post-trauma et de la réparation.

Le but était de permettre aux femmes restaurer leur psyché féminine abîmée, endormie ou blessée.

La connexion entre les femmes et la nature semble plus facile sans doute parce que la société nous a permis plus volontiers d’exprimer nos émotions. Aujourd’hui encore, les historiens et les historiennes de l’émotion en soulignent la part foncièrement culturelle, socialement construite de l’émotion. Et notamment : Damien Boquet (Maître de conférence) et Didier Lett

« Dans le monde occidental, on considère aussi que les émotions sont davantage féminines et que la raison est plutôt masculine. »

Le lien profond entre la nature, l’inconscient collectif et le féminin profond

Le « Wilderness Act de 1964 « affirmait que « si la nature est à préserver, c’est qu’elle est extérieure à l’homme et doit le rester ». (Veyret, 2012).

L’écopsychologie est un champ de recherche transdisciplinaire : une mouvance qui travaille sur la transition écologique.

Elle nait en même temps que le sommet de Rio (qui a diffusé la notion de développement durable) étude des relations profondes entre la terre et les êtres vivant qui l’habitent et la psyché de la humaine. Interrelations entre souffrances humaines et celles de la terre.

Il s’agit sortir du déni et de l’inertie pour nourrir les capacités de résilience et d’engagement ; mais aussi de répondre à la déconnexion envers la nature, qui est à la racine de la crise écologique en réintégrant la nature dans la psyché humaine et en explorant la notion d’inconscient écologique.

C’est aussi une forme d’accompagnement des personnes dans leur chemin de reliance profonde à la Terre et à tous les êtres qui l’habitent.

Il s’agit donc bien de se relier avec l’ensemble des parties de sa psyché : les double « je » qui font partie de nous.  Anima, Animus, Ying et Yang, et de reconnaitre toutes ses partie en soi.

Agir pour la terre, c’est d’abord se reconnecter : « Ecouter la terre qui pleure en nous dit » : Thich Nhat Hanh, le moine bouddhiste, Maître entre tous qui nous a quittés en janvier dernier à plus de 95 ans.

3)De l’Ecopsychologie à l’écoféminisme

Dans l’Histoire, alors qu’elles ont été chamanes, sorcières, conscientes d’un monde invisible très tôt, les femmes ont été ramenées à la raison, brûlées, ou blessées quand elles osaient être pleinement elles-mêmes. Il était impossible d’affirmer pleinement leur côté féminin (spirituel, créatif, relié). Au fil des siècles, on les a souvent rangés dans des cases : mères de famille, muettes, incapables d’agir sans les hommes…

Or il y a une analogie entre la nature et la femme sans toutefois qu’elles ne puissent se confondre.

« Entre les femmes et la nature sont inscrits depuis toujours un héritage ancestral… « . Pour la militante indienne, Physicienne, philosophe et activiste indienne de renommée internationale, Vandana Shiva

En mettant les femmes au centre de son combat pour la biodiversité, dont elles sont d’après elle “les expertes mondiales”, Vandana Shiva a toujours articulé écologie et féminisme, ce qui fait d’elle l’une des figures favorites du mouvement écoféministe actuel.

L’être humain en se déconnectant de la Nature a perdu sa participation affective à la Nature : une perte d’ancrage dont les femmes sont un peu moins souffrantes.

Le néolithique à notre civilisation moderne, on a choisi d’emprisonner la nature, de la domestiquer et de l’asservir.

Les intellectuelles, philosophes et scientifiques écoféministes juxtaposent économie capitaliste et patriarcat et montrent les limites de cette approche qui utilisent autant le corps de la femme, que la planète comme source de production et les réduisent à cette fonction.

« Le passage d’une conception organiciste à une conception mécaniste de la nature ayant impliqué un renouvellement de l’exploitation des femmes. »

On le voit, depuis les années 80/90, la mise en œuvre du concept de développement durable et des ODD dont le dernier rapport du GIEC a rappelé l’urgence en ce qui concerne les changements climatiques (ODD 13), il existe un véritable plaidoyer pour une réorientation féminine du monde ou du moins un recentrage qui est aussi le corolaire de la transition écologique.

4) Plaidoyer pour un recentrage féminin de la planète

Double Je, double jeux, complémentarité :la planète nous rappelle que sans équilibre, rien ne va !

Les défis environnementaux qui se présentent à nous sont gigantesques car nous avons vraiment épuisé toutes nos ressources en surexploitant la nature et son corollaire.  Il est temps d’unir nos efforts pour sauvegarder nos écosystèmes et les faire coexister pacifiquement., comme nous devons faire coexister en nous, ces altérités, rappels immuables de notre je qui doit évoluer vers le « nous » de l’action protectrice de la Nature.

Le grand effondrement, les limites planétaires, les grands cataclysmes, tout nous démontre que la vision de la planète qui ne fonctionne que sur une seule jambe, masculine, va conduire la planète à la catastrophe. Un rééquilibrage est impératif et absolument nécessaire. ET voilà que je suis finalement La voie de mes ancêtres, plaider pour un rééquilibre de la planète et harmoniser les forces contraires. C’est un travail que j’ai fait en m’engageant auprès des Rivières Sauvages durant près de 10 ans, pour finir par devenir présidente de l’association du réseau des Rivieres sauvages et en accompagnant les organisations dans leurs transitions écologiques et sociales.

La boucle est bouclée, entre le dialogue entre soi et soi du psychoportrait, et celui de la transition écologique…. Un dialogue émergent, plus respectueux de soi et de la nature.

 

Et pour aller plus loin que la conférence :

Le conte du serpent blanc puisqu’il me guide depuis bien longtemps :  écouter

Lire le conte : cliquez ici

Mon interprétation du serpent blanc pour les organisations :  cliquez ici

Les références et webographie de la conférence :

https://www.youtube.com/watch?v=tvRxmuvUl4I&ab_channel=FranceCulture

Le livre des symboles Editions Taschen

https://www.vonfranzjung.fr/

L’interprétation des contes de fée : Marie-Louise van Franz Editions Albin Michel

https://www.franceculture.fr/personne-damien-boquet

https://youtu.be/ddCoDsGtn84  https://vimeo.com/255033685

Cf. les voies de l’écopsychologiepar Michel Maxime EGGER : Sociologue et écothéologien, Michel Maxime Egger est responsable du laboratoire de  « transition intérieure » 

L’écopsychologie : https://www.franceculture.fr/conferences/maison-de-la-recherche-en-sciences-humaines/eco-psychologie-et-eco-feminisme)

https://www.radiofrance.fr/franceculture/se-reconnecter-a-la-nature-grace-a-l-ecopsychologie-5780328s

https://youtu.be/CSKTsQaBeXghttps://www.lesinrocks.com/cheek/4-choses-a-savoir-sur-legerie-ecofeministe-vandana-shiva-436907-20-01-2022/https://etopia.be/femmes-postcolonisation-et-nature-comparaison-entre-un-ecofeminisme-et-un-feminisme-decolonial/

https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/2020-v47-n2-philoso05822/1075144ar/

Une agriculture qui sauve la planète : https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/une-agriculture-qui-repare-la-planete

https://usbeketrica.com/fr/article/vandana-shiva-l-eco-feministe-en-campagne-perpetuelle

https://youtu.be/7oqaJe3zFLc

Pour en savoir davantage sur les psychoportraits symboliques ou prendre rendez-vous :

La conférence :