Le serpent blanc
Écouter : https://youtu.be/A8J_7RIO6tc
Un conte des frères Grimm
Un roi très savant se faisait livrer tous les jours un plat qui contenait de la viande de serpent blanc mais que personne n’avait jamais vu car le roi était toujours seul pour ouvrir le plat. Un jeune serviteur curieux un soir se cacha et découvrit ce que dissimulait le plat : le serpent blanc. La chair de celui-ci permettait à celui qui le mangeait de comprendre le langage des animaux. On accusa le jeune serviteur du Roi d’avoir volé une bague. Il s’aperçut alors qu’il comprenait le langage des animaux car il entendait des canards cancaner : l’un deux avait mangé la bague. Il demandait à ce qu’on égorgea le canard et qu’on lui ouvrit le ventre. Il put prouver son innocence. Et il s’en fut par les routes. Il rencontra trois animaux à qui il apporta de l’aide. Des poissons qu’il remit à l’eau, des fourmis qu’il n’écrasa pas et des corbeaux qu’il sauva de la faim en tuant son propre cheval pour les nourrir. Arrivé dans un royaume, il apprit qu’un défi existait : celui qui le réussirait pourrait épouser la princesse, l’échec, signifiant la mort. Grâce au poisson, il put ramener la bague sur le rivage. Mais la princesse orgueilleuse refusa de l’épouser et lui donna un second défi : ramasser le mil qu’elle avait renversé dans un champ : grâce aux fourmis, il réussit encore. La princesse fière trouva un troisième défi : ramener une pomme d’or de l’arbre de vie. Heureusement les corbeaux qui avaient entendu la lui ramenèrent. Le serviteur coupa la pomme en deux : ils la croquèrent et la princesse tomba amoureuse du serviteur qui put enfin l’épouser et devenir roi.
Que peut apporter le conte du serpent blanc dans le monde de l’entreprise ?
Il est maintenant usuel de parler de disruption selon les termes de ses inventeurs, les équipes de l’agence de publicité TBWA . Trouver une disruption, c’est une manière de bousculer la convention. Et aujourd’hui, on a coutume de marier ces deux locutions : management et disruption.
L’innovation de rupture est en effet un management cher au PDG d’HP M. Karsenti . C’est le synonyme de réinventer les codes. Et bien c’est exactement de cela dont parle le conte.
Voilà un roi qui tire son pouvoir et sa réputation de sage d’une méthode secrète : il a un atout dont il ne parle pas et qui fonde sa sagesse et son savoir… Personne jusqu’à présent n’a été capable de savoir ni comment ni pourquoi mais un beau jour, survint … son fidèle serviteur décide enfin de savoir !
Celui-là est disruptif, c’est par lui que l’innovation (et le scandale arrive) : il épie le roi. Il commet un crime de lèse-majesté en voulant comprendre quel est le secret qui le maintient roi. Et il découvre le pot aux roses : la chair de serpent blanc a un pouvoir magique. Elle révèle ce que les hommes pouvaient faire des générations auparavant : comprendre le langage des animaux. C’est comme s’il avait volé le secret des dieux *!
le Roi s’en doute t-il ? En tout cas, on l’accuse très vite d’un forfait qu’il n’a pas commis.
Et là ! Il ne fait ni une, ni deux ! Il sait très vite utiliser son nouveau pouvoir: il entend tout ce que disent les animaux. Voilà ce qui va lui permettre de se tirer d’affaire. Autrement dit, il tire parti de ses connaissances toutes nouvelles acquises grâce à une curiosité très aiguisée et une envie de casser les codes : épier et désobéir au Roi.
En matière de management, lorsque qu’il s’agit de renouveler les idées (c’est ce qui est suggéré par le conte en nous parlant d’un vieux Roi fort savant et sage), il faut faire preuve de curiosité et savoir casser les règles. C’est ainsi que l’on peut réussir à trouver/tracer une nouvelle voie.
Voilà donc notre « disrupteur » à qui l’on propose tous les honneurs.
D’ailleurs, c’est une aventure qui peut se lire aussi au féminin….Voilà qui assurément entraînerait une autre rupture de règles non ?
Reprenons notre récit ! L’agent de disruption persévère dans cette voie puisqu’il ne demande qu’une somme d’argent modique et un cheval au lieu des plus hautes fonctions honorifiques qu’on lui promettait.
* La médiation thérapeutique par les contes Par Bernard Chouvier
Etre disruptif, c’est donc trouver sa propre voie ? Assurément ! Nous explique le conte du serpent blanc qui voit l’ex serviteur transformé en jeune aventurier sur les chemins.
Les outils d’un management disruptif
Cinq enseignements majeurs sont à acquérir par l’apprenti (e) disruptif(ve) pour réussir dans son entreprise et atteindre ses objectifs en plus de son inlassable curiosité et le courage !
L’écoute active, l’humilité, la compassion, sans oublier le sacrifice et la persévérance pour obtenir le Graal … le coeur de la princesse !
Il faut savoir écouter les idées qui viennent de partout…et même si elles sont informulées ou mal dégrossies puisque les poissons sont muets. Faire remonter les informations, ne négliger aucune source !
Etre humble et écouter chacun et chacune, quelque soit son niveau dans la hiérarchie. Faire attention au plus petit détail qui peut compter et apporter sa pierre à l’édifice aussi insignifiant semble t-il. C’est que nous démontre l’épisode des fourmis.
Il faut même pour laisser grandir un projet et une idée, sacrifier un peu de sa liberté ou plutôt ne pas mesurer son énergie car qui sait comment elle pourrait évoluer. Voilà ce que nous dit le sacrifice du cheval.
En filigrane, la compassion accompagne chacune de ces étapes car c’est elle qui guide l’apprenti (e) disruptif (ve) ! Le/La voilà quasiment dans l’arène et il est fin prêt(e) car ses épreuves, il/elle les a toutes « à sa main » maintenant. Tout va se jouer grâce à ce qu’il/elle a accompli le long de son chemin et cette compassion dont il a fait preuve en faisant un bon usage de son outil magique.
Autrement dit, il ne sert à rien de fourbir ses armes (sa stratégie dite disruptive) au dernier moment. Ce qui fait le/la vraie) manager, ce sont les jalons qu’il/elle a posés pour faire éclore l’innovation et la disruption et la manière dont il/elle a su les protéger au sein de l’entreprise.
Les épreuves :
Ramener l’alliance ou la bague : faire alliance, utiliser toutes les ressources de l’entreprise.
Trier le grain de l’ivraie : parmi la dizaine ou la centaine de projets innovants, il est nécessaire de bien choisir et surtout d’être attentif, à l’écoute, suivre son intuition pour choisir les bonnes innovations !
Chercher la pomme d’or et en partager les fruits : pas de saine victoire ou réussite sans partage des fruits collectifs ! Et c’est bien le conte qui le dit ! Pour que la fortune sourie vraiment, il lui faut conquérir la (le) fiancé(e) (je rappelle que la (le) fiancé(e), c’est la con-fiance en soi) en lui faisant croquer la pomme (!) Autrement dit, l’acte disruptif , fondateur en entraîne toujours d’autres, l’innovation ne s’endort pas, ne fait pas de pause… mais dans le partage et la joie !
La permanence dans l’impermanence ! ….
Je propose souvent ce conte associé à trois autres : Jack et le Haricot magique, le Petit Poucet lorsque l’innovation, la surprise, est un élément moteur pour les équipes. Mais sur quoi se fonde t-elle ? Sur l’hypervigilance, l’intuition, le hasard ? ….
Lorsqu’une équipe choisit, à la majorité, le conte du serpent blanc cela signifie que son moteur, c’est de casser les règles … Cela peut-être intéressant pour concevoir par exemple des bureaux qui lui ressemble; concevoir des projets vont leur permettre de donner le meilleur…
Lire le conte dans son intégralité : ici
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Marie-Pierre Medouga
Directrice de l’Institut du Psychoportrait Symbolique