Vous avez choisi, lors du psychoportrait de votre entreprise, ce conte-ci parmi les trois proposés. Chacun des trois contes a trait à une problématique-clé de votre organisation.
Voici l’interprétation de l’eau de vie, un contre des frères Grimm, qui a attiré votre attention. Ce n’est pas un hasard. A l’intérieur de ce conte, se trouvent probablement les clés du développement de votre société. Le conte agit en effet comme un oracle, il résonne et raisonne en vous.
L’interprétation de l’eau de jouvence ou l’eau de vie
A la recherche de l’innovation
Le résumé :
Un roi se meurt. Il lui faut l’eau de jouvence ou l’eau de vie. Il a trois fils. L’ainé part à la recherche de l’eau de vie mais il répond impoliment à un nain et est conduit dans une impasse. Le second suit le même chemin. Le troisième lui répond et recueille tous les renseignements pour entrer dans le palais enchanté et recueillir l’eau de jouvence. Il délivre également une princesse qui lui fait la promesse de l’épouser dans un an et des objets : du pain qui ne n’épuise jamais et une épée magique. Il demande au nain de relâcher ses frères et tous rentrent . En route, les frères volent l’eau de jouvence et la remplacent par de l’eau salée. Le roi condamne son fils benjamin à mourir fusillé mais le chasseur ému par sa gentillesse le sauve. Les frères vont rechercher la princesse au bout d’un an mais elle a mis au point un subterfuge avec l’aide d’une route en or. Le benjamin seul trouvera le chemin pour aller jusqu’à elle. Les frères disparaitront.
http://touslescontes.com/biblio/conte.php?iDconte=25
L’entreprise se traine, elle ne se régénère plus. Elle est exsangue, les concurrents, les compétiteurs sont les plus forts. Les idées stagnent, il faut aller à la recherche de nouveaux projets, de nouvelles aventures mais comment s’y résoudre ? Et quels moyens mettre en œuvre ?
Dans un premier temps, c’est l’arrogance qui prime. Après tout, l’entreprise était reine sur son marché, voire même en situation de monopole. Elle est toujours en mode « conquérant » autrement dit, celui de l’époque où elle imposait ses idées. Elle n’est pas dans la coopération, ni dans l’écoute. C’est un tort et sa première tentative va se solder par un échec et une impasse.
Confrontée à des questionnements de base sur la nature de sa quête, elle ne daignera pas répondre.
L’entreprise se meurt donc toujours un peu plus, mettant en danger ses forces vives… Aucun sang nouveau ne vient l’irriguer, aucune force la régénérer …L’entreprise doit se résoudre à repartir en quête. A-t-elle appris de son précédent échec ? Nenni.
Son émissaire est envoyé sans préparation, son nouveau projet est constitué à la va-vite. Là encore, c’est l’arrogance et l’ignorance de solutions plus adaptées et réactives, de petites équipes plus souples qui prédominent.
Faute de considérer le problème dans sa globalité et d’examiner toutes les opportunités, même les plus improbables, de tester toutes les configurations, l’entreprise reste à la traîne.
Elle n’est toujours pas dans la coopération ou la collaboration et c’est encore un échec cuisant. Elle ne peut répondre avec pertinence puisqu’elle ignore ou dédaigne ceux qui pourraient l’aider à se remettre en questions. (Le second ne répond pas au nain… et le méprise.)
Il lui faut se résoudre à envoyer son troisième ballon d’essai… Un projet auquel on ne croit guère. Peut-être parce qu’on ne fait pas confiance à cette toute petite équipe ? Peut-être parce qu’on la méprise elle aussi ?
Elle a pourtant certaines caractéristiques particulières :
– Elle est à l’écoute : elle est compatissante : elle peut faire preuve d’empathie
– Elle est déterminée à réussir à se transformer
– Elle est prête à s’allier pour coopérer et à s’adapter.
Plus petite, plus réactive, à l’écoute et à l’affut, elle saura répondre et poser les bonnes questions. Elle a une vision stratégique et veut absolument savoir comment atteindre son but : la régénération de l’entreprise.
Autrement dit, comment trouver des solutions innovantes (l’eau de vie). Ce ne sera pas ni facile, ni simple et cela supposera de collaborer et de changer les habitudes de l’entreprise.
Avec plus petit ou plus inconnu que soi (le nain) qui va révéler des forces d’innovation importantes et qui possèdent certaines des clés qui manquent à l’entreprise.
La Fontaine l’a démontré également, on a toujours besoin de plus petit que soi (le lion et le rat).
Les clés pour la quête
L’audace : donner à manger aux lions et savoir les rassasier.
Des lions dans l’entreprise, il y en a beaucoup dans les équipes, des managers puissants, charismatiques qui attendent une nourriture roborative (j’aime assez à dire qu’il s’agit de chiffres et de parts de marché) qui leurs permettent de protéger l’entreprise. Des experts en jugements aussi.
Du réseau et un sésame : une baguette pour frapper les trois coups qui amènent au changement et à de nouvelles opportunités. Les maître-mot ? Réactivité et sérendipité!
Savoir se lier avec les meilleures éléments afin qu’ils s’ouvrent et coopèrent avec nous pour qu’ils nous ouvrent les portes. Cela peut d’agir d’un allié, d’une entreprise avec laquelle il serait bien de faire un joint-venture,…
Le bon timing :
Le faire au moment adéquat (avant minuit) et savoir doser son effort mais ne pas rater le rendez-vous quitte à payer de sa personne (ici un petit bout de talon)! Autrement dit, être opérationnel au bon moment!
Le nain, celui qui révèle nos forces insoupçonnées et qui nous aide à nous transformer, nous a servi de guide dans cette initiation vers l’innovation. Il représente la capacité de l’équipe à mettre en place (en musique ?) l’innovation dans l’entreprise et à faire émerger nos capacités créatrices inconscientes.
Cela implique la collaboration entre toutes nos forces. Autrement dit, il est vain pour faire surgir l’innovation de ne s’appuyer que sur notre cerveau gauche… L’intuition et la raison sont intimement liées. Être créatif et innovant suppose de coopérer en équipe, de collaborer avec toutes les forces vives de l’entreprise : être à l’affut et à l’écoute de ses émotions et intuitions et de celles des autres… Comme le nain au travail dans sa forge et qui porte que le monde un regard critique et ironique.
Ne pas s’écouter, ne pas se poser les bonnes questions, être arrogant envers soi-même et les autres, ne pas coopérer et voilà l’impasse !
Le conte nous indique quels sont les bons leviers de la réussite.
Les leviers de la réussite
Il faut savoir faire allégeance : prendre les anneaux aux doigts des princes endormis.
L’anneau est un signe de loyauté et de soumission, le conte nous rappelle que la recherche de l’innovation suppose une grande humilité et la reconnaissance des efforts réalisés avant nous par d’autres équipes.
Un bon manager sait qu’il lui faut remercier ses ainés et ne pas s’arroger toutes les réussites.
L’autre clé de la réussite d’un projet d’innovation, c’est le partage!
Prendre du pain qui rassasie indéfiniment et une épée qui vainc sans périr!
Le pain qui rassasie, c’est la nourriture vitale du travail en équipe : les encouragements, l’émulation et les récompenses.
L’épée c’est la justice. Rendre à chacun ce qu’il mérite et surtout une juste rétribution. Il s’agit aussi de bonne gouvernance.
Il faut ensuite partager et mettre tout ceci à contribution, ainsi le jeune prince cadet prête main-forte.
Un bon manager de l’innovation sait que les plus beaux fruits, les plus belles réussites se partagent.
Pas d’innovation donc sans collaboration et coopération et même sans prêter main forte à d’autres équipes ou d’autres entités qui un jour pourront aider à leur tour.
Le nain a mis le jeune prince en garde contre ses frères autrement dit certaines attitudes sont néfastes et risquent de compromettre toute innovation.
Le conte nous indique aussi que certaines équipes sont bien plus en compétition qu’en collaboration. Mauvais management ou défaut de politique managériale ? En tout cas, cela autorise tous les coups bas et ce, au détriment de la véritable innovation source de vie et de régénérescence de l’entreprise.
C’est aux dirigeants de l’entreprise de corriger le tir (le chasseur qui ne tue pas, le bon animus, représentant du bon roi) et de rendre justice…On le voit, cela peut prendre du temps.
Le roi doit réaliser son erreur, prendre les décisions qui s’imposent, promulguer lois et décrets… Autrement dit, il est question d’une bonne gouvernance qui doit permettre de rectifier le tir.
L’innovation et sa quête, si elles sont justifiées, bien pensées et motivées peuvent remporter la mise à condition de trouver les bon arguments (mettre en place les bons process) et de savoir utiliser les bons subterfuges : changer ses pratiques.
Ici encore, changer devêtements signifie se transformer. Cette étape est cruciale car il ne s’agit pas seulement d’accepter avec humilité de changer le rôle, mais également de faire sienne les règles de frugalité, de rester dans l’ombre durant un certain temps.
Autrement dit, de changer l’ensemble des pratiques y compris managériales au sein de l’entreprise. C’est à ce prix que l’innovation va porter ses fruits et contribuer à ressourcer l’entreprise. Cette dernière est à présent à nouveau sur de bons rails et pourtant, tout n’est pas terminé. Il nous reste à faire de l’innovation le centre de l’entreprise!
L’innovation, une exigence au cœur même de l’entreprise
L’innovation suppose donc de changer d’état : on échange les rôles (passer de prince à serviteur), on fait vœu de silence (confidentialité), on accepte des périodes de transformations douloureuses (de prince à captif puis à ermite) et que le temps fasse son œuvre pour pérenniser les choses (un an). Ce conte est un vibrant plaidoyer pour l’accompagnement au changement !
La route en or est très emblématique du chemin qui reste à parcourir… Est-on réellement focalisé sur cet objectif ? Qui peut nous faire tomber dans l’illusion ? Qui saura trier le grain de l’ivraie? Quels sont les subterfuges employés qui peuvent nous détourner de notre but ? Sommes-nous tous concentrés et mobilisés autour de l’innovation ? Sommes-nous persusadés qu’il s’agit d’un enjeu crucial ? Avons-nous mobilisé l’ensemble de nos équipes ? Avons-nous communiqué sur cet objectif ?
On le voit, la princesse a donné toutes les consignes qui permettent de repérer les bons artisans de l’innovation ? Et vous, dans votre entreprise, quels sont vos signaux d’alerte ou de veille ?
Voilà quelques unes des questions autour de l’innovation que soulève ce conte.
Ici la route pavée d’or conduit vers la fiancée, la confiance en soi et le prix gagné. Seuls ceux qui feront de l’innovation le but ultime pour améliorer l’entreprise, la rendre meilleure, à l’écoute (c’est l’anima en œuvre) coopérante, créative, trouveront le chemin salvateur.
En résumé, l’entreprise ne peut survivre sans changement, ni transformations. Il s’agit de passer de la compétition à la coopération, de l’arrogance à la frugalité. Etre en veille, à l’affut, en posture d’écoute et d’humilité pour trouver des solutions inattendues sont probablement les clés du succès. Car, l’innovation est le véritable moteur de l’entreprise. Voilà ce que nous enseigne le conte de manière surprenante. C’est une exigence au quotidien et elle suppose un savant mélange de savoir-être et de savoir-faire de la part des équipes, véritables piliers et acteurs du changement. La reconnaissance, le partage, la justice, la bonne gouvernance sont autant d’alliés objectifs de l’innovation. Une leçon d’avenir issue du passé !
Pout en savoir davantage sur les psychoportraits symboliques individuels ou collectifs, sur les psycho-profils symboliques n’hésitez pas à me contacter sur formation@mp-c.eu
Marie-Pierre Medouga
Coach & formatrice